Je sers un Dieu fidèle, témoignage

Par Christian Strahm, gérant de RDF-EDITIONS

En 1993, alors que je venais de prendre la direction des Editions RDF, je n'avais encore jamais édité un seul livre. Pire que cela, la lecture était le plus grand supplice que l'on pût m'infliger car j'ai de sérieux problèmes de vue! Comment suis-je alors devenu directeur d'une maison d'édition?

Vers l'âge de 17 ans, j'ai donné ma vie à Jésus-Christ et dans mon cœur de jeune homme, brûlait le désir de servir Dieu à plein temps.

Lors de mon baptême (par immersion), j'ai reçu une parole prophétique qui disait: «Tu traverseras des temps difficiles, mais si tu me restes fidèle et me fais confiance dans ces temps difficiles, je te conduirai dans de grandes choses». Dieu m'appelait à son service, pourtant il me semblait impossible d'envisager une formation quelconque en vue d'un futur ministère.

Le trouble visuel qui m'handicapait depuis ma naissance m'avait exposé à beaucoup de mépris pendant ma scolarité primaire, où je ratai trois années. La lecture était pour moi presque impossible. Je lisais péniblement pendant quinze minutes environ. Ensuite les lignes se mélangeaient devant mes yeux qui finissaient par pleurer. J'avais des résultats plus que médiocres dans toutes les matières mais particulièrement en orthographe, vocabulaire et en connaissances générales. Le corps enseignant manquait singulièrement de psychologie à cette époque et je dus entendre des milliers de fois des phrases destructrices telles que: «Si tu voulais seulement faire un effort...», «Tu écris comme un cochon», etc. Mon père, adepte de la philosophie: «Ce qui compte, c'est le travail manuel», critiquait jovialement les études de ses six enfants, ainsi que tous les intellectuels! Ce n'est donc pas lui qui m'aurait encouragé à dépasser mes difficultés scolaires...

Pour le «monde du travail», J'avais bien tenté d'apprendre le métier d'installateur sanitaire (plombier, pour les français) et ferblantier. Mais les seuls objectifs qui semblaient «à première vue» réalisables étaient que je reste manœuvre toute ma vie, que je devienne chômeur à la première crise du travail, ou encore que je finisse SDF; mais Dieu, lui, avait prévu RDF!

Pendant dix ans, rien de très significatif ne se passa dans ce domaine, jusqu'à ce dimanche où, lors d'un culte dans une petite église neuchâteloise, Dieu m'appela clairement à démarrer le petit service d'enregistrement des messages de la communauté que je fréquentais et à dupliquer les cassettes audio. Au fil des années, ce service qui réalisait mensuellement une vingtaine de cassettes s'est développé pour atteindre 100 à 300 duplications par mois. Dieu avait ouvert une porte à Orvin, dans un centre chrétien qui organisait deux séminaires par mois.

En 1991, je déménageai avec ma famille. De Cernier (canton de Neuchâtel), nous partîmes à Chailly-sur-Montreux, dans le canton de Vaud. «Cassettes Multicopy» est né ici. C'était le département audio des Editions RDF. Inutile de vous dire que les bénéfices générés là étaient insuffisants pour faire vivre ma famille de quatre enfants!

J'accomplissais environ 12h de travail par jour, sans compter les nombreux week-ends où j'étais en déplacement pour l'enregistrement des séminaires.

En 1993, Erwin Buchmann me remit la direction des Éditions RDF. Il ne m'avait pas demandé auparavant, si je me sentais apte à mener à bien cette nouvelle mission. Il était habitué à vivre par la foi. Il avait vécu de nombreuses expériences extraordinaires dans divers domaines avec son Seigneur et savait dans son cœur, que Dieu me donnerait la capacité nécessaire pour diriger cette maison d'édition. Mais pour moi, c'était la grande marche vers l'inconnu !

Les quatre pierres blanches de Dieu

La première pierre blanche

Quelques semaines après ma nomination, je reçus un manuscrit de Paris, adressé à : «Monsieur le directeur des Éditions RDF». Cela me fit très bizarre!
Vu mon ignorance totale dans ce nouveau ministère, j'ai du faire appel à un ami expérimenté pour réaliser ce premier ouvrage...

La deuxième pierre blanche ne tarda pas à arriver. Cette fois, ce fut David Yonggi Cho, pasteur d'une Eglise de plus de 700'000 membres à Séoul, (la plus grande Église du monde) qui me demandait d'éditer son livre: «Les parcours de prières». Ce titre est le plus vendu de nos éditions!

La troisième pierre blanche me fut envoyée depuis Tel-Aviv. Pour moi, qui n'avais jamais foulé le sol d'Israël et qui ne connaissais personne dans ce pays, ce fut assez inattendu. A la réflexion, je connais, un seul Juif, mais il a vécu il y a environ 2000 ans et c'est pour lui et avec Lui que je travaille aujourd'hui...
Pour en revenir au manuscrit que j'ai reçu, il s'intitule «Seul l'amour fait des miracles», de Mahesh Chavda. Je ne connaissais pas la traductrice de cet ouvrage, mais c'est elle qui me l'a envoyé.

La quatrième pierre blanche me parvint de France, par Flora Quintin qui avait rédigé le témoignage extraordinaire de deux amies missionnaires suisses, Gandhi Marinova et Edmée Cottier. Détenues par des combattants insurgés, elles avaient parcouru respectivement 3200 Km et 1600 Km à pieds nus, dans la brousse africaine, dans des conditions extrêmes. Elles étaient originaires de notre région.

Ces quatre livres, ont fait partie durant plus de dix ans de nos meilleures ventes. Gloire à Dieu!

En 1995, ce furent à nouveau trois livres qui nous parvinrent. Ils furent édités en deux mois; puis d'autres encore! Pour un éditeur chrétien malvoyant et sans formation, éditer sept livres en deux ans, c'est un très bon début! Mais pour moi, ce fut la confirmation de l'appel de Dieu pour ce ministère!

Un ami chrétien, éditeur lui aussi, – mais nanti de qualités et de moyens beaucoup plus considérables – me demanda un jour: «Mais qui t'a pistonné pour obtenir ces contrats, toi qui ne parles pas l'anglais et qui n'es pas formé dans ce métier?» Ma réponse fut: «Je n'ai rien fait, c'est Lui qui me les a envoyés». Que toute la gloire Lui revienne!

La diffusion

Lorsque en 1993 l'on m'a confié la direction des Editions RDF, nous diffusions déjà plusieurs éditeurs francophones, Ministères Multilingues au Canada, les éditions Carrefour et d'autres petites maisons d'éditions.

En 1996, le directeur des Editions Vida – qui est le plus grand éditeur francophone – me visita et me proposa de diffuser leurs livres en Suisse. Ce fut pour nous une grande bénédiction et pour moi la fierté de pouvoir diffuser la Parole de Dieu par la Bible Thompson, produit phare des éditions Vida. Nous avons présenté ces ouvrages au public pour la première fois en 1996, au «Jour du Christ», à Lausanne.

Actuellement, nous diffusons en Suisse, environ vingt maisons d'éditions et plus de 1'200 titres et Dieu continue à nous conduire dans des chemins que jamais je n'aurais espéré fouler. Pour moi, c'est l'accomplissement de la parole prophétique que j'avais reçue le jour de mon baptême, à l'âge de dix-sept ans. Mais je n'ai pas vécu que la deuxième partie de la parole prophétique – je te conduirai dans de grandes choses – j'ai aussi traversé des temps très difficiles de brisements et d'échecs. Ces épreuves ont été pour moi une formation par la souffrance, véritable creuset de Dieu. Mais Dieu est fidèle et Sa parole s'accomplit toujours!

Dieu a toujours pourvu et pourvoira toujours !

Malgré les «pierres blanches» de Dieu, les débuts ont été très difficiles. Il est assez facile de faire de l'édition lorsque vous avez des moyens financiers, mais nous avons toujours sortis les nouveaux titres, sans réserve financière, ni «oncle d'Amérique» prêt à signer des chèques au moindre de nos appels. J'ai tout investi dans ce ministère: mon temps, mes économies et beaucoup de travail, parce que j'avais la certitude que c'était l'œuvre de Dieu.
Sur le plan financier, j'avais la moitié d'un salaire correct de l'époque. Seul avantage: je n'ai pas payé d'impôts pendant plusieurs années! Et même si les fins de mois étaient souvent très pénibles, je n'ai jamais manqué de quoi nourrir ma famille, car Dieu est fidèle, et «Il donne ce qu'il ordonne!».

Reconnaissance

Le développement des éditions n'est pas le fruit de mon savoir ou de mes capacités, mais c'est la grâce de Dieu. Je ne renie nullement mes capacités naturelles, car Dieu multiplie toujours ce que nous avons, comme il le fit dans l'Évangile, lorsqu'il utilisa cinq pains et deux poissons pour nourrir cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, qui eux ne jeûnaient pas ce jour-là...

Je suis donc d'abord reconnaissant à Dieu, car il a fait dans ma vie des merveilles et de ma vie un service utile pour l'avancement de son règne.

Je suis également reconnaissant pour toutes les personnes qui, dans un domaine ou un autre, m'ont aidé ou m'ont appris les choses que je sais aujourd'hui.

Je suis reconnaissant pour tous les bénévoles qui m'ont aidé et m'aident encore dans divers domaines et sans qui je n'aurais pas pu accomplir ce travail. Beaucoup l'ont accompli pour Dieu et je me souviens de cette dame, Violette qui, sur un ton vigoureux, me dit un jour, alors que je la remerciais pour son aide: «Mais ce n'est pas pour toi que j'ai fait ce travail, c'est pour Dieu, donc garde tes remerciements!»

Mes enfants ont été des aides efficaces: depuis leur plus jeune âge, ils collaboraient comme ils pouvaient. Béatrice et Jean-Marc prenaient plaisir à déballer les cassettes vierges qui étaient emballées à l'unité dans du cellophane. Damaris et Séphora ont très souvent étiqueté et dupliqué des cassettes, des CD fait des colis, participé à l'envoi de prospectus etc. Sandra, mon épouse bien-aimée, m'aide sans compter dans de nombreux domaines et supplée à mon handicap visuel.

Je pense à Fred qui, depuis son domicile, nous a énormément aidés à la rédaction et à la correction des textes. Il y a aussi Henri, Lise, Claire, Myriam, Georges, Maryline qui, régulièrement, me conseillent et corrigent les textes. Puis Jean-Pierre et André, mes informaticiens déterminés et extrêmement patients, qui ne voient jamais le temps passer, ils assurent la bonne marche des ordinateurs et du réseau informatique, ils traquent les virus, les attaques de tous poils et de toutes races...

Je pourrais ainsi ajouter beaucoup de noms, car Dieu a toujours pourvu de manière extraordinaire à nos nombreux besoins et il continuera à le faire, car Il est fidèle et bon !

Christian Strahm